Archives pour la catégorie Fiction

Stephen King – dr Sleep

Stephen King - Docteur SleepLe « Stephen King nouveau » est arrivé, et pas des moindres : Docteur Sleep est la suite du best seller Shining qui a fait frissonner nombre d’ados en rapportant la lente et sombre déliquescence d’un père de famille qui accroît peu à peu son emprise meurtrière sur sa femme et son enfant.

Un lutin me souffle dans l’oreille que Shining est aussi un film de Stanley Kubrick. Pour la petite histoire, Stephen King ne tient pas dans son cœur cette adaptation cinématographique. Il ne se prive pas de le rappeler dans la postface de Docteur Sleep. Même si la narration du film est pauvre comparée à celle du livre, je reste convaincu que le film mérite une « soirée volets fermés » 🙂

On n’est jamais aussi malade que de ses secrets

Le topo de Docteur Sleep en deux mots : après une adolescence chaotique noyée dans l’alcool, Danny, le gamin de Shining, va dénicher un emploi d’aide soignant et pousser la porte des  Alcooliques Anonymes. Happy end ? Fichtre non ! Danny découvre qu’une jeune fille tente le contacter pour lui révéler une vérité terrifiante concernant un groupe de nomades états-uniens : le « Noeud Vrai »…

Si Shining était un roman à huis clos dans un hotêl, Docteur Sleep se déroule dans un environnement résolument ouvert : le monde entier est peuplé de personnages qui,  à des degrés différents, sont pourvus de cette force, de ce « Don » plus ou moins maléfique à multiple facettes  : alors que Danny peut tuer rien qu’à la force de sa pensée, d’autres ont la capacité d’influencer les actes d’autrui.

Le récit porte un certain fatalisme. Il prend le parti que la violence reste ancrée dans une famille, se transmettant fatalement de père en fils tel un héritage maudit… La tension du livre est palpable et grandit au fil des pages, prenant la tournure d’un combat de David (une jeune fille) contre Goliath (le Mal incarné).

J’ai entamé ce livre en période de travail et l’ai achevé sur la plage ensoleillée du Touquet (le Ch’Nord, quoi) 🙂 Les 700 pages sont passées au final comme une lettre à la poste.

Un bon King !

Ma note (/5) :

Éditions Le Livre De Poche. Environ 700 pages.

Serge Brussolo – Le château des poisons

Serge Brussolo - Château des poisons
Serge Brussolo – Le Château des poisons

Dans Le château des poisons, Serge Brussolo nous transporte au Moyen Age avec Jehan de Montpéril, bûcheron ordonné chevalier en récompense de sa bravoure.
Pour gagner sa vie, Jehan doit guider et escorter les voyageurs sur les routes dangereuses.
C’est ainsi qu’il va rencontrer le moine Dorius, porteur de reliques sacrées, la belle trobairitz Irana, ainsi que d’autres personnages énigmatiques.
Sa route le conduit jusqu’au château d’Ornan de Guy dans lequel surviennent de tragiques événements. Les festins de noces sont rapidement perturbés par un horrible empoisonnement. Les décès se multiplient, causés par un poison qui se répand sur la ville, et des rumeurs circulent à propos d’une bête étrange qui apparaîtrait la nuit…
Jehan va partir en quête du meurtrier, non sans périls et surprises….

Des monstruosités que je ne peux répéter, et qui, à coup sûr, sortent d’une bouche diabolique. Il faut que tu comprennes qu’il est important d’agir vite. Plus le temps passera, plus la bête deviendra forte.

Serge Brussolo, à travers son roman, nous plonge dans un univers moyenâgeux très sombre, sur fond de complots, poisons et trahisons.
Il nous décrit la violence et l’obscurantisme de cette époque, marquée par les superstitions et la puissance du clergé qui voit la main du diable sur tous les événements tragiques.
Jehan est un homme simple, craignant Dieu, mais profondément attaché à des valeurs telles que la justice et la vérité.
Il va donc se battre pour les faire triompher en menant une enquête très approfondie.

J’ai beaucoup apprécié ce roman médiéval, dans lequel se succèdent de multiples rebondissements jusqu’à la dernière page.
Le mystère est omniprésent, les fausses pistes s’enchaînent, et le suspense nous tient en haleine du début jusqu’à la fin..
Un roman très prenant et captivant qu’on ne lâche pas jusqu’au dénouement !
Ma prochaine lecture ? Toujours Serge Brussolo, avec un polar contemporain d’un tout autre genre, Dortoir interdit, mais que j’ai hâte de découvrir !

N. Gaiman – Coraline

Neil Gaiman - Coraline
Neil Gaiman – Coraline

Si vous ne viviez pas dans une grotte en 2009, peut-être vous souvenez-vous du remarquable film Coraline. Exécuté en stop-motion (technique de capture de scènes image par image), cette production tant attendue sonnait le retour du réalisateur de l’Étrange Noël de Mr Jack.

J’avais adoré le film, et c’est donc assez naturellement que j’ai souhaité découvrir le livre dont il est l’adaptation.

L’histoire prend forme au moment du déménagement de Coraline, fille unique qui débarque dans une vieille demeure de campagne isolée et bien trop grande pour elle et ses deux parents. Livrée à elle-même, Coraline va découvrir « de fil en aiguille » (l’expression fera certainement rire les connaisseurs du livre 😉 ) un monde singulier empreint de curiosités. Un monde qui pourrait bien au final la happer…

Si les contes de fées sont plus vrais que vrais, ce n’est pas parce qu’ils disent que les dragons existent, mais parce qu’ils disent que les dragons peuvent être vaincus. G.K Chesterton

Une jeune fille perdue dans un monde bizarre… le parallèle avec Alice aux Pays des Merveilles est cousu de fil blanc. Coraline se veut toutefois plus gothique, plus moderne. Pour ma part, Coraline a le parfum des vacances d’enfance, lorsque les heures s’égrènent et que les occupations prennent un tournant inattendu.

Un sans-faute de Neil Gaiman !

Ma note (/5) :

N. Gaiman – Neverwhere

Neil Gaiman - Neverwhere
Neil Gaiman – Neverwhere

J’ai découvert ce livre un peu par hasard, plutôt intrigué par son titre flou qui laisse à penser qu’il y aurait un « ailleurs » inaccessible aux béotiens que nous sommes.

J’ai toutefois entamé difficilement la lecture du livre, ne sachant pas vraiment comment le prendre : polar vaguement bizarre, ou livre fantastique réchauffé… Et puis, passé le cap des 60 premières pages, l’intrigue de Neverwhere a pris en épaisseur pour me me piéger dans un univers singulier né de l’imagination d’un auteur extravagant (dans le bon sens du terme) dont la filiation spirituelle avec Tim Burton saute aux yeux.

Sans spoiler, je dirais simplement que l’histoire introduit un certain Richard Mayhew, employé lambda dans un bureau londonien. Sa vie va basculer dangereusement lorsqu’il porte secours à une jeune fille blessée dans la rue : tandis que ses pairs semblent ne plus le reconnaître, les portes d’une Londres inédite s’ouvrent à lui. Une Londres souterraine, sombre et peuplée de Barons et autres Comtes. Le point de départ d’une quête initiatique…

Jeune homme. Comprenez bien une chose : il existe deux Londres. Il y a la Londres d’En Haut – c’est là que vous viviez – et puis il y a la Londres d’En Bas, l’En Dessous – qu’habitent ceux qui sont tombés dans les failles de ce monde

Si avez apprécié Alice au pays des merveilles, nul doute que vous serez touché par l’univers décalé de Neverwhere, ovni littéraire où un ange responsable de la disparition de l’Atlantide côtoie un Marquis en proie à deux tueurs en série sanguinaires.

Le bilan : ce bouquin m’a fasciné, passionné, et amusé (aucune mention n’est à cocher 😉 Cela fait du bien de voir q’un auteur contemporain sorte des sentiers battus et couche sur papier un univers sombre et profondément alambiqué. Un must-have !

Ma note (/5) :

RJ Sawyer – FlashForward

Robert Sawyer - Flash Forward
Robert Sawyer – Flash Forward

Le passage des trains TER n’était pas réglée comme du papier à musique ces derniers jours. Dans cette situation, je pense qu’il y a 2 façons de voire les choses :

Option n°1 : on peste contre la SNCF (…un peu trop facile à mon goût). Option n°2 : on se dit qu’après tout, la « positive attitude » a du bon. Et puis, un rab de lecture est le bienvenu, d’autant plus quand ladite lecture s’avère passionnante.

Il va s’en dire que j’ai opté pour l’option n°2. Parlons donc de ce fameux FlashForward. Mesdames, messieurs, vous connaissiez les FlashBacks, découvrez les FlashForwards qui sont le concept opposé, à savoir des visions du futur (je vous rassurerai en disant que le béotien que je suis a récemment découvert cette notion).

L’intrigue prend place dans le Jura (massif géologique à cheval sur  Franche-Comté et la Suisse) où le centre européen de recherche nucléaire mène des travaux pour découvrir la « particule de Dieu » qui est à l’origine de la masse physique de tout ce qui nous entoure (rien que ça !). Simplement, l’expérience ne va pas se passer comme prévu : pendant plusieurs minutes, l’humanité entière va entrevoir son propre futur…

Celui qui voit à l’avance les catastrophes en souffre deux fois

C’est justement la force de FlashForward : chaque protagoniste va découvrir ce que lui réserve son futur dans bien des années. Fatalement, il y a deux catégories : d’une part les mécontents, d’autre part ceux qui vont s’accommoder de leur futur. Le suspens se développe ainsi autour de la thématique de l’immuabilité du futur.  Le livre apportera d’ailleurs au final la réponse que le lecteur attend : pouvons-nous influer sur notre destin et changer le cours de notre futur ?

Je ressors au final assez bouleversé de cette expérience littéraire et garde en mémoire la fin magistrale du livre qui porte une réflexion profonde sur le devenir de l’homme et ouvre une fenêtre édifiante sur la condition humaine dans… des millions d’années !

Qu’attendez-vous donc pour dégoter ce livre d’occasion? 😉

Ma note (/5) :

Marc Levy – Si c’était à refaire

Marc Levy - Si c'était à refaireJ’ai découvert Marc Levy avec Où es-tu, son premier ouvrage qui est une excellente entrée en matière pour s’imprégner de l’univers d’un auteur à qui l’on prête injustement l’écriture de récits à l’eau de rose.

Dans Si c’était à refaire, l’intrigue porte sur un reporter au New York Times, parangon de réussite, assassiné sans mobile apparent par une matinée des plus ordinaires. Revenu miraculeusement dans le monde des vivants deux mois auparavant, l’opportunité inopinée lui est donnée d’élucider le mystère de sa mort, avant qu’elle ne se (re)produise.

Les souvenirs sont parfois comme ces photographies blanchies par le temps, dont les détails ressurgissent à la faveur d’un certain éclairage.

Scotchant ! Voici l’épithète qui me vient à l’esprit pour qualifier l’ouvrage d’un auteur désormais engagé qui insuffle une dimension politique à son récit. L’auteur aborde notamment le sujet délicat de l’adoption pas toujours légitime d’enfants étrangers, à travers d’un récit émouvant duquel les protagonistes s’unissent et se déchirent…

Sans réelle longueur, le roman a pu accompagner Cinq jours de mes trajets de TER Picard, ce qui, en quelque sorte, le sacralise dans mon Panthéon personnel des lectures éclaires. Comprenez que le roman est tout sauf un mauvais papier : preuve est faite que Marc Lévy est pour ma part une grande figure de la littérature française.

Et dans la pure tradition des romans policiers, le dénouement n’arrivera que dans les dernières pages d’un roman d’aucun ne ressortira indifférent !

Serge Brussolo – La Princesse noire

Brussolo - La princesse noireAujourd’hui c’est la fin du monde connu. Aujourd’hui… c’est Ragnarök.

Fin décembre : un tantinet fatigué par mes journées de travail, j’ai eu grand plaisir à dévorer ce livre qui a su rythmer mon voyage littéraire diurne… et nocturne (c’est la saison qui veut ça :-/)

Commençons par le récit, en quelques mots… Vendue à une châtelaine énigmatique, la jeune Inga emménage contre son gré dans un étrange manoir dissimulant de curieux enfants invalides. Un lieu sordide propice aux rumeurs et superstitions les plus folles. Les enfants évoquent notamment l’existence  d’un monstre meurtrier tapi dans le sous-sol du château…

Avec La Princesse Noire, Serge Brussolo nous immerge au temps des Vikings. L’auteur apporte un éclairage édifiant sur cette civilisation nordique en mettant l’emphase sur ses mœurs aux antipodes de la culture judéo-chrétienne. Au travers d’une intrigue haletante, l’auteur se joue de notre esprit cartésien, insatiable d’explications rationnelles, en posant maintes questions : quelle est l’histoire de la Princesse Noire ? D’où vient-elle ? Son mari, un Viking légendaire et berseker de surcroît, serait-il toujours en vie ?

Cet ouvrage est de mon point de vue une franche réussite. Celui-ci relève un pari audacieux : incorporer deux genres littéraires à priori antinomiques que sont le fantastique et le thriller, sans pour autant les déprécier. D’ores et déjà un must-read !

Loïc Le Borgne – Je suis ta nuit

Le Borgne - Je suis ta nuitMes derniers trajets de train m’ont fait faire un saut dans le temps !

L’occasion de revenir dans les années 80, au cœur d’un village de Bretagne où vivent 6 « pré-ado » tous fascinés par Goldorak, Albator et les Jedi (icônes de l’époque, cela va sans dire). Peu à peu, l’irrationnel et la terreur vont s’abattre sur cette bande de copains comme une pluie de grêle. Les morts vont se succéder, fermant progressivement l’étau sur le narrateur…

Qui est ce Bonhomme nuit, présenté comme le mal incarné, agissant en bourreau vindicatif, qui va déchaîner tout son pouvoir malfaisant sur de jeunes enfants ? Ceux-ci parviendront-ils à en venir à bout ?

Les enfants ont un privilège : la capacité de claquer des portes étanches dans leur cerveau et d’enfermer à double tour […] des angoisses qui rendraient n’importe quel adulte frappadingue. Je les envie.

Je suis ta nuit officie dans un genre maintes fois exploré. Le parallèle avec Stephen King et son œuvre emblématique Ça est d’ailleurs difficile à éluder, tant les thématiques communes sont cousues de fil blanc : les démons de l’enfance, la frontière avec le monde des adultes, la lutte du bien contre le mal…

Le pari n’était pourtant pas gagné d’avance : le premier quart du livre instillant l’intrigue, l’entrée en matière m’a semblé plutôt difficile d’approche. Il serait toutefois dommage de baisser les bras : le reste du livre est clairement à la hauteur et m’a « scotché » jusqu’à un final… inoubliable.

Alors, Loïc Le Borgne, seriez-vous le Stephen King estampillé « bleu, blanc, rouge » ?