Archives pour la catégorie Frissons

Edgard Poe – Nouvelles histoires extraordinaires

Edgard Poe - Nouvelles histoires extraordinairesDu Poe traduit par Baudelaire, forcément ça intrigue ! C’est pourtant bien ce que nous réserve ce recueil de nouvelles qui trouveront un écho certain chez les amateurs de roman noir.

Pièce maîtresse de ce recueil ficelé dans un univers sombre, la nouvelle du Chat noir cristallise à elle seule la thématique emblématique de l’auteur : la perversité de l’Homme, immuable,  qui le précipite tôt ou tard dans le précipice de sa funeste fatalité : le crime.

Dans l’examen des facultés et des penchants, – des mobiles primordiaux de l’âme humaine, – les phrénologistes ont oublié de faire une part à une tendance qui, bien qu’existant visiblement comme sentiment primitif, radical, irréductible, a été également omise par tous les moralistes qui les ont précédés.

En tant que recueil de nouvelles, ces nouvelles histoires extraordinaires sont remarquables et demandent toutefois un certain investissement, cette prose surannée n’étant plus du tout dans les canons de nos auteurs contemporains. Pour autant le « vieux françois » appose un réel cachet d’authenticité sur ces pages dont le lecteur ressortira changé. Bon, tout ça pour dire que je recommande ce livre qui est à prendre comme un divertissement d’un autre âge ! Merci à Océane de me l’avoir offert !

 Ma note (/5) :

Éditions Le Livre de Poche. Environ 260 pages.

Stephen King – dr Sleep

Stephen King - Docteur SleepLe « Stephen King nouveau » est arrivé, et pas des moindres : Docteur Sleep est la suite du best seller Shining qui a fait frissonner nombre d’ados en rapportant la lente et sombre déliquescence d’un père de famille qui accroît peu à peu son emprise meurtrière sur sa femme et son enfant.

Un lutin me souffle dans l’oreille que Shining est aussi un film de Stanley Kubrick. Pour la petite histoire, Stephen King ne tient pas dans son cœur cette adaptation cinématographique. Il ne se prive pas de le rappeler dans la postface de Docteur Sleep. Même si la narration du film est pauvre comparée à celle du livre, je reste convaincu que le film mérite une « soirée volets fermés » 🙂

On n’est jamais aussi malade que de ses secrets

Le topo de Docteur Sleep en deux mots : après une adolescence chaotique noyée dans l’alcool, Danny, le gamin de Shining, va dénicher un emploi d’aide soignant et pousser la porte des  Alcooliques Anonymes. Happy end ? Fichtre non ! Danny découvre qu’une jeune fille tente le contacter pour lui révéler une vérité terrifiante concernant un groupe de nomades états-uniens : le « Noeud Vrai »…

Si Shining était un roman à huis clos dans un hotêl, Docteur Sleep se déroule dans un environnement résolument ouvert : le monde entier est peuplé de personnages qui,  à des degrés différents, sont pourvus de cette force, de ce « Don » plus ou moins maléfique à multiple facettes  : alors que Danny peut tuer rien qu’à la force de sa pensée, d’autres ont la capacité d’influencer les actes d’autrui.

Le récit porte un certain fatalisme. Il prend le parti que la violence reste ancrée dans une famille, se transmettant fatalement de père en fils tel un héritage maudit… La tension du livre est palpable et grandit au fil des pages, prenant la tournure d’un combat de David (une jeune fille) contre Goliath (le Mal incarné).

J’ai entamé ce livre en période de travail et l’ai achevé sur la plage ensoleillée du Touquet (le Ch’Nord, quoi) 🙂 Les 700 pages sont passées au final comme une lettre à la poste.

Un bon King !

Ma note (/5) :

Éditions Le Livre De Poche. Environ 700 pages.

Stephen King – Chantier

Stephen King - ChantierIl y a plusieurs années, Stephen King représentait 90% de mes lectures d’adolescent : écrire une critique un tant soit peu objective d’un de ses livres aurait été alors une véritable gageure .

Me voici 10 ans plus tard avec un Stephen King entre les mains. Un certain Chantier qui, comme par magie, est passé au travers des mailles du filet de mes lectures.

C’est donc avec un certain recul que j’ai entamé la lecture du livre. Bien sûr, je ne suis pas en terre inconnue : Stephen King a écrit d’immenses succès littéraires dont les ingrédients sont d’ailleurs connus de tous : frisson, horreur, épouvante (et n’oubliez pas de saupoudrer copieusement avec du suspens)… Reste qu’en 1ère approche, le titre assez « bateau » du livre n’est pas attractif pour un sous.

Commençons par le topo : un cadre moyen d’une blanchisserie est sommé par les pouvoirs publics d’abandonner sa maison familiale.  Ceux-ci souhaitent mettre le premier coup de pioche en vue de la construction d’une autoroute. Le début d’un véritable conflit entre David (notre protagoniste) et Goliath (l’administration américaine)…

Le monde était rond, telle était la triste et terrible vérité […] Parce que le nouveau chemin ressemble en tout point  au vieux chemin, parce qu’il est le vieux chemin, sur lequel on roule encore et toujours, jusqu’au moment où l’on a creusé des ornières trop profondes pour en sortir et, alors,  le moment est venu de fermer la porte du garage, de mettre le contact  et d’attendre,  attendre simplement…

A l’heure du bilan de Chantier, « Brrr » est le premier  mot qui me vient à l’esprit. L’auteur dépeint assez froidement la descente aux enfers d’un américain moyen comme vous et moi. Cet aspect constitue d’ailleurs le fil rouge de l’histoire : le lecteur assiste impuissant au déclin mental et émotionnel d’un  homme qui pensait avoir guéri de ses vieilles blessures.

Dans l’impossibilité de s’identifier au protagoniste quelque peu dérangé, le lecteur cherche en vain à comprendre ses motivations jusqu’au dénouement – et il sera forcément radical dans l’univers de Stephen King – qui interviendra in extremis dans les dernières pages du livre…

Je placerais Chantier au niveau d’un Rage. Il est toutefois un cran en dessous d’un Shining qui introduit des personnages que l’auteur a pris plus de temps à développer. Chantier n’en reste pas moins un roman sombre et torturé qui se lit quasiment en une traite.

Ma note (/5) :

Éditions J'ai Lu. Environ 350 pages.