Tous les articles par Julien

Boualem Sansal – 2084

Sansal - 2084 La fin du monde
Sansal – 2084 La fin du monde

La religion fait peut-être aimer Dieu mais rien n’est plus fort qu’elle pour faire détester l’homme et haïr l’humanité.

68 années nous séparent de 2084… 68 années, c’est tout une vie mais tout du moins une fraction temporelle assez mince dans l’histoire humaine.

Menacée par un courant empreint de dogmes, l’Humanité entière subirait en l’an 2084 les ravages d’une guerre sainte marquant l’hégémonie d’un régime religieux et totalitaire.

Visionnaire et philosophe, l’auteur algérien Sansal aborde dans ce livre un sujet brûlant : la montée en puissance d’un courant religieux extrémiste qui, à l’issue d’une guerre sainte sanglante, parvient à créer son propre État pour mieux en réduire à la servitude ses habitants. Ati, notre protagoniste, d’abord fervent fidèle, va douter de la légitimité du pouvoir en place puis va s’insurger, au péril de sa vie…

Roman de fiction mais aussi roman philosophique, 2084 la fin du monde est une fresque  romanesque et rocambolesque, sorte de « road book » qui démontre, s’il fallait encore en douter, que divertissement et réflexion se marient à merveille.

 Ma note (/5) :

Éditions Gallimard. Environ 272 pages.
Livre offert par Price Minister dans le cadre de l'opération des Matchs de la Rentrée Littéraire

 

Edgard Poe – Nouvelles histoires extraordinaires

Edgard Poe - Nouvelles histoires extraordinairesDu Poe traduit par Baudelaire, forcément ça intrigue ! C’est pourtant bien ce que nous réserve ce recueil de nouvelles qui trouveront un écho certain chez les amateurs de roman noir.

Pièce maîtresse de ce recueil ficelé dans un univers sombre, la nouvelle du Chat noir cristallise à elle seule la thématique emblématique de l’auteur : la perversité de l’Homme, immuable,  qui le précipite tôt ou tard dans le précipice de sa funeste fatalité : le crime.

Dans l’examen des facultés et des penchants, – des mobiles primordiaux de l’âme humaine, – les phrénologistes ont oublié de faire une part à une tendance qui, bien qu’existant visiblement comme sentiment primitif, radical, irréductible, a été également omise par tous les moralistes qui les ont précédés.

En tant que recueil de nouvelles, ces nouvelles histoires extraordinaires sont remarquables et demandent toutefois un certain investissement, cette prose surannée n’étant plus du tout dans les canons de nos auteurs contemporains. Pour autant le « vieux françois » appose un réel cachet d’authenticité sur ces pages dont le lecteur ressortira changé. Bon, tout ça pour dire que je recommande ce livre qui est à prendre comme un divertissement d’un autre âge ! Merci à Océane de me l’avoir offert !

 Ma note (/5) :

Éditions Le Livre de Poche. Environ 260 pages.

L. Barclay – Cette nuit-là

Lindwood Barclay - Cette nuit làQuelques mots rapides sur ma première lecture de l’été, du moins celle post-Hellfest 🙂

Cette nuit-là, la famille entière d’une adolescente s’est volatilisée sans trace de lutte, sans indice… Manquent à l’appel un père, une mère et une sœur qui laissent la petite Cynthia en plein désarroi.  Vingt cinq ans plus tard, Cynthia est toujours en quête de réponses…

Un constat d’entrée de jeu : il y a bien d’une part les polars que je qualifierais de « conventionnels »,  faits de détectives et de méthodes d’élucidation de meurtres vus dans de nombreuses séries TV, d’autre part ceux qui donnent un véritable élan à un genre lu et relu. Cette nuit-là  intègre d’emblée la deuxième catégorie…

L’allée ne faisait qu’une dizaine de mètres de long mais s’étirait sur un quart de siècle dans le passé.

Les bons ingrédients sont rassemblés et donnent un résultat goûtu : un scénario original, une intrigue un chouïa complexe mais passionnante et pleine de suspens… Ajoutons à ça la détresse psychologique de notre protagoniste, Cynthia, littéralement déchirée par deux sentiments contradictoires : la tristesse de la mort supposée de ses proches et le désir de faire la lumière sur une affaire en apparence insoluble…

Au fil des pages, la question va nous titiller jusqu’à nous brûler les lèvres : qu’est-il arrivé à la famille entière de Cynthia ? La réponse arrivera comme une révélation…Au final, ces 475 pages se boivent comme du petit lait. En cette période estivale où rester au frais chez soi est une nécessité, je ne saurais que vous le conseiller (le livre, hein, pas le lait) 😉

 Ma note (/5) :

Éditions J'ai lu. Environ 475 pages.

Stephen King – dr Sleep

Stephen King - Docteur SleepLe « Stephen King nouveau » est arrivé, et pas des moindres : Docteur Sleep est la suite du best seller Shining qui a fait frissonner nombre d’ados en rapportant la lente et sombre déliquescence d’un père de famille qui accroît peu à peu son emprise meurtrière sur sa femme et son enfant.

Un lutin me souffle dans l’oreille que Shining est aussi un film de Stanley Kubrick. Pour la petite histoire, Stephen King ne tient pas dans son cœur cette adaptation cinématographique. Il ne se prive pas de le rappeler dans la postface de Docteur Sleep. Même si la narration du film est pauvre comparée à celle du livre, je reste convaincu que le film mérite une « soirée volets fermés » 🙂

On n’est jamais aussi malade que de ses secrets

Le topo de Docteur Sleep en deux mots : après une adolescence chaotique noyée dans l’alcool, Danny, le gamin de Shining, va dénicher un emploi d’aide soignant et pousser la porte des  Alcooliques Anonymes. Happy end ? Fichtre non ! Danny découvre qu’une jeune fille tente le contacter pour lui révéler une vérité terrifiante concernant un groupe de nomades états-uniens : le « Noeud Vrai »…

Si Shining était un roman à huis clos dans un hotêl, Docteur Sleep se déroule dans un environnement résolument ouvert : le monde entier est peuplé de personnages qui,  à des degrés différents, sont pourvus de cette force, de ce « Don » plus ou moins maléfique à multiple facettes  : alors que Danny peut tuer rien qu’à la force de sa pensée, d’autres ont la capacité d’influencer les actes d’autrui.

Le récit porte un certain fatalisme. Il prend le parti que la violence reste ancrée dans une famille, se transmettant fatalement de père en fils tel un héritage maudit… La tension du livre est palpable et grandit au fil des pages, prenant la tournure d’un combat de David (une jeune fille) contre Goliath (le Mal incarné).

J’ai entamé ce livre en période de travail et l’ai achevé sur la plage ensoleillée du Touquet (le Ch’Nord, quoi) 🙂 Les 700 pages sont passées au final comme une lettre à la poste.

Un bon King !

Ma note (/5) :

Éditions Le Livre De Poche. Environ 700 pages.

Dan Brown – Forteresse Digitale

Dan Brown - Forteresse DigitaleQuelques mots très rapides pour vous recommander chaudement ce livre de Dan Brown, l’auteur de Da Vinci Code.

Il y est question de la fameuse NSA (National Security Agency), agence ultra-secrète américaine. Souvenez-vous : celle-ci a récemment été sous les feux de la rampe lorsqu’un ancien consultant a révélé qu’elle espionnait allégrement les communications à grande échelle (par grande échelle, comprendre monde entier).

L’intrigue est assez accrocheuse : et si la toute puissante NSA, experte dans le décryptage de nos communications, se retrouvait confrontée à LA clef de chiffrage novatrice et complètement indéchiffrable ? Ce serait alors la fin de l’agence, dont la mission reste de servir l’intérêt général des États-Unis…

— Quis custodiet ipsos custodes ? […]
— C’est tiré des Satires, de Juvénal. Ça veut dire : « Qui gardera les gardes ? »

J’ai lu le bouquin en moins de 2 semaines. Les rebondissements ne manquent pas, l’intérêt ne s’essouffle jamais. Et puis, comme d’habitude avec Dan Brown, seules les toutes dernières pages du livre livreront les réponses tant attendues du lecteur ! Une très bonne surprise !

Ma note (/5) :

Éditions Le Livre de Poche. Environ 510 pages.

Stephen King – Chantier

Stephen King - ChantierIl y a plusieurs années, Stephen King représentait 90% de mes lectures d’adolescent : écrire une critique un tant soit peu objective d’un de ses livres aurait été alors une véritable gageure .

Me voici 10 ans plus tard avec un Stephen King entre les mains. Un certain Chantier qui, comme par magie, est passé au travers des mailles du filet de mes lectures.

C’est donc avec un certain recul que j’ai entamé la lecture du livre. Bien sûr, je ne suis pas en terre inconnue : Stephen King a écrit d’immenses succès littéraires dont les ingrédients sont d’ailleurs connus de tous : frisson, horreur, épouvante (et n’oubliez pas de saupoudrer copieusement avec du suspens)… Reste qu’en 1ère approche, le titre assez « bateau » du livre n’est pas attractif pour un sous.

Commençons par le topo : un cadre moyen d’une blanchisserie est sommé par les pouvoirs publics d’abandonner sa maison familiale.  Ceux-ci souhaitent mettre le premier coup de pioche en vue de la construction d’une autoroute. Le début d’un véritable conflit entre David (notre protagoniste) et Goliath (l’administration américaine)…

Le monde était rond, telle était la triste et terrible vérité […] Parce que le nouveau chemin ressemble en tout point  au vieux chemin, parce qu’il est le vieux chemin, sur lequel on roule encore et toujours, jusqu’au moment où l’on a creusé des ornières trop profondes pour en sortir et, alors,  le moment est venu de fermer la porte du garage, de mettre le contact  et d’attendre,  attendre simplement…

A l’heure du bilan de Chantier, « Brrr » est le premier  mot qui me vient à l’esprit. L’auteur dépeint assez froidement la descente aux enfers d’un américain moyen comme vous et moi. Cet aspect constitue d’ailleurs le fil rouge de l’histoire : le lecteur assiste impuissant au déclin mental et émotionnel d’un  homme qui pensait avoir guéri de ses vieilles blessures.

Dans l’impossibilité de s’identifier au protagoniste quelque peu dérangé, le lecteur cherche en vain à comprendre ses motivations jusqu’au dénouement – et il sera forcément radical dans l’univers de Stephen King – qui interviendra in extremis dans les dernières pages du livre…

Je placerais Chantier au niveau d’un Rage. Il est toutefois un cran en dessous d’un Shining qui introduit des personnages que l’auteur a pris plus de temps à développer. Chantier n’en reste pas moins un roman sombre et torturé qui se lit quasiment en une traite.

Ma note (/5) :

Éditions J'ai Lu. Environ 350 pages.

N. Gaiman – Coraline

Neil Gaiman - Coraline
Neil Gaiman – Coraline

Si vous ne viviez pas dans une grotte en 2009, peut-être vous souvenez-vous du remarquable film Coraline. Exécuté en stop-motion (technique de capture de scènes image par image), cette production tant attendue sonnait le retour du réalisateur de l’Étrange Noël de Mr Jack.

J’avais adoré le film, et c’est donc assez naturellement que j’ai souhaité découvrir le livre dont il est l’adaptation.

L’histoire prend forme au moment du déménagement de Coraline, fille unique qui débarque dans une vieille demeure de campagne isolée et bien trop grande pour elle et ses deux parents. Livrée à elle-même, Coraline va découvrir « de fil en aiguille » (l’expression fera certainement rire les connaisseurs du livre 😉 ) un monde singulier empreint de curiosités. Un monde qui pourrait bien au final la happer…

Si les contes de fées sont plus vrais que vrais, ce n’est pas parce qu’ils disent que les dragons existent, mais parce qu’ils disent que les dragons peuvent être vaincus. G.K Chesterton

Une jeune fille perdue dans un monde bizarre… le parallèle avec Alice aux Pays des Merveilles est cousu de fil blanc. Coraline se veut toutefois plus gothique, plus moderne. Pour ma part, Coraline a le parfum des vacances d’enfance, lorsque les heures s’égrènent et que les occupations prennent un tournant inattendu.

Un sans-faute de Neil Gaiman !

Ma note (/5) :

N. Gaiman – Neverwhere

Neil Gaiman - Neverwhere
Neil Gaiman – Neverwhere

J’ai découvert ce livre un peu par hasard, plutôt intrigué par son titre flou qui laisse à penser qu’il y aurait un « ailleurs » inaccessible aux béotiens que nous sommes.

J’ai toutefois entamé difficilement la lecture du livre, ne sachant pas vraiment comment le prendre : polar vaguement bizarre, ou livre fantastique réchauffé… Et puis, passé le cap des 60 premières pages, l’intrigue de Neverwhere a pris en épaisseur pour me me piéger dans un univers singulier né de l’imagination d’un auteur extravagant (dans le bon sens du terme) dont la filiation spirituelle avec Tim Burton saute aux yeux.

Sans spoiler, je dirais simplement que l’histoire introduit un certain Richard Mayhew, employé lambda dans un bureau londonien. Sa vie va basculer dangereusement lorsqu’il porte secours à une jeune fille blessée dans la rue : tandis que ses pairs semblent ne plus le reconnaître, les portes d’une Londres inédite s’ouvrent à lui. Une Londres souterraine, sombre et peuplée de Barons et autres Comtes. Le point de départ d’une quête initiatique…

Jeune homme. Comprenez bien une chose : il existe deux Londres. Il y a la Londres d’En Haut – c’est là que vous viviez – et puis il y a la Londres d’En Bas, l’En Dessous – qu’habitent ceux qui sont tombés dans les failles de ce monde

Si avez apprécié Alice au pays des merveilles, nul doute que vous serez touché par l’univers décalé de Neverwhere, ovni littéraire où un ange responsable de la disparition de l’Atlantide côtoie un Marquis en proie à deux tueurs en série sanguinaires.

Le bilan : ce bouquin m’a fasciné, passionné, et amusé (aucune mention n’est à cocher 😉 Cela fait du bien de voir q’un auteur contemporain sorte des sentiers battus et couche sur papier un univers sombre et profondément alambiqué. Un must-have !

Ma note (/5) :

Roald Dahl – Gelée Royale

Roald Dahl - Gelée RoyaleGelée royale est un recueil de 2 courtes nouvelles que j’ai eu beaucoup de plaisir à redécouvrir récemment.

William et Mary aborde la question de la « vie » après la mort, sous un angle pour le moins surprenant et drôle. Quant à Gelée Royale, l’histoire met la lumière sur cette fameuse substance secrétée naturellement par les abeilles ouvrières au profit de leur reine. Qu’adviendrait-il aux bébés humains si leurs parents se prenaient à la leur administrer ?

Avec cet ouvrage, Roald Dahl, digne successeur de Lewis Carroll, confirme de nouveau son talent d’écrivains. L’humour « so british » distillé au fil des pages rend  à mon goût bien trop rapide la lecture de ce bouquin de quelques 120 pages .

Reste un livre marrant et original que je conseillerais aux lecteurs de 7 à 77 ans !

RJ Sawyer – FlashForward

Robert Sawyer - Flash Forward
Robert Sawyer – Flash Forward

Le passage des trains TER n’était pas réglée comme du papier à musique ces derniers jours. Dans cette situation, je pense qu’il y a 2 façons de voire les choses :

Option n°1 : on peste contre la SNCF (…un peu trop facile à mon goût). Option n°2 : on se dit qu’après tout, la « positive attitude » a du bon. Et puis, un rab de lecture est le bienvenu, d’autant plus quand ladite lecture s’avère passionnante.

Il va s’en dire que j’ai opté pour l’option n°2. Parlons donc de ce fameux FlashForward. Mesdames, messieurs, vous connaissiez les FlashBacks, découvrez les FlashForwards qui sont le concept opposé, à savoir des visions du futur (je vous rassurerai en disant que le béotien que je suis a récemment découvert cette notion).

L’intrigue prend place dans le Jura (massif géologique à cheval sur  Franche-Comté et la Suisse) où le centre européen de recherche nucléaire mène des travaux pour découvrir la « particule de Dieu » qui est à l’origine de la masse physique de tout ce qui nous entoure (rien que ça !). Simplement, l’expérience ne va pas se passer comme prévu : pendant plusieurs minutes, l’humanité entière va entrevoir son propre futur…

Celui qui voit à l’avance les catastrophes en souffre deux fois

C’est justement la force de FlashForward : chaque protagoniste va découvrir ce que lui réserve son futur dans bien des années. Fatalement, il y a deux catégories : d’une part les mécontents, d’autre part ceux qui vont s’accommoder de leur futur. Le suspens se développe ainsi autour de la thématique de l’immuabilité du futur.  Le livre apportera d’ailleurs au final la réponse que le lecteur attend : pouvons-nous influer sur notre destin et changer le cours de notre futur ?

Je ressors au final assez bouleversé de cette expérience littéraire et garde en mémoire la fin magistrale du livre qui porte une réflexion profonde sur le devenir de l’homme et ouvre une fenêtre édifiante sur la condition humaine dans… des millions d’années !

Qu’attendez-vous donc pour dégoter ce livre d’occasion? 😉

Ma note (/5) :