Archives mensuelles : mars 2015

Stephen King – Chantier

Stephen King - ChantierIl y a plusieurs années, Stephen King représentait 90% de mes lectures d’adolescent : écrire une critique un tant soit peu objective d’un de ses livres aurait été alors une véritable gageure .

Me voici 10 ans plus tard avec un Stephen King entre les mains. Un certain Chantier qui, comme par magie, est passé au travers des mailles du filet de mes lectures.

C’est donc avec un certain recul que j’ai entamé la lecture du livre. Bien sûr, je ne suis pas en terre inconnue : Stephen King a écrit d’immenses succès littéraires dont les ingrédients sont d’ailleurs connus de tous : frisson, horreur, épouvante (et n’oubliez pas de saupoudrer copieusement avec du suspens)… Reste qu’en 1ère approche, le titre assez « bateau » du livre n’est pas attractif pour un sous.

Commençons par le topo : un cadre moyen d’une blanchisserie est sommé par les pouvoirs publics d’abandonner sa maison familiale.  Ceux-ci souhaitent mettre le premier coup de pioche en vue de la construction d’une autoroute. Le début d’un véritable conflit entre David (notre protagoniste) et Goliath (l’administration américaine)…

Le monde était rond, telle était la triste et terrible vérité […] Parce que le nouveau chemin ressemble en tout point  au vieux chemin, parce qu’il est le vieux chemin, sur lequel on roule encore et toujours, jusqu’au moment où l’on a creusé des ornières trop profondes pour en sortir et, alors,  le moment est venu de fermer la porte du garage, de mettre le contact  et d’attendre,  attendre simplement…

A l’heure du bilan de Chantier, « Brrr » est le premier  mot qui me vient à l’esprit. L’auteur dépeint assez froidement la descente aux enfers d’un américain moyen comme vous et moi. Cet aspect constitue d’ailleurs le fil rouge de l’histoire : le lecteur assiste impuissant au déclin mental et émotionnel d’un  homme qui pensait avoir guéri de ses vieilles blessures.

Dans l’impossibilité de s’identifier au protagoniste quelque peu dérangé, le lecteur cherche en vain à comprendre ses motivations jusqu’au dénouement – et il sera forcément radical dans l’univers de Stephen King – qui interviendra in extremis dans les dernières pages du livre…

Je placerais Chantier au niveau d’un Rage. Il est toutefois un cran en dessous d’un Shining qui introduit des personnages que l’auteur a pris plus de temps à développer. Chantier n’en reste pas moins un roman sombre et torturé qui se lit quasiment en une traite.

Ma note (/5) :

Éditions J'ai Lu. Environ 350 pages.

N. Gaiman – Coraline

Neil Gaiman - Coraline
Neil Gaiman – Coraline

Si vous ne viviez pas dans une grotte en 2009, peut-être vous souvenez-vous du remarquable film Coraline. Exécuté en stop-motion (technique de capture de scènes image par image), cette production tant attendue sonnait le retour du réalisateur de l’Étrange Noël de Mr Jack.

J’avais adoré le film, et c’est donc assez naturellement que j’ai souhaité découvrir le livre dont il est l’adaptation.

L’histoire prend forme au moment du déménagement de Coraline, fille unique qui débarque dans une vieille demeure de campagne isolée et bien trop grande pour elle et ses deux parents. Livrée à elle-même, Coraline va découvrir « de fil en aiguille » (l’expression fera certainement rire les connaisseurs du livre 😉 ) un monde singulier empreint de curiosités. Un monde qui pourrait bien au final la happer…

Si les contes de fées sont plus vrais que vrais, ce n’est pas parce qu’ils disent que les dragons existent, mais parce qu’ils disent que les dragons peuvent être vaincus. G.K Chesterton

Une jeune fille perdue dans un monde bizarre… le parallèle avec Alice aux Pays des Merveilles est cousu de fil blanc. Coraline se veut toutefois plus gothique, plus moderne. Pour ma part, Coraline a le parfum des vacances d’enfance, lorsque les heures s’égrènent et que les occupations prennent un tournant inattendu.

Un sans-faute de Neil Gaiman !

Ma note (/5) :

E. E. Schmitt – Oscar et la dame rose

E. E. Schmitt - Oscar et la dame rose
E. E. Schmitt – Oscar et la dame rose

Oscar et la dame rose est l’histoire émouvante et bouleversante d’un garçon de dix ans atteint d’une maladie incurable en phase terminale. Il vit à l’hôpital et sait qu’il va mourir, même si personne n’ose le lui dire.

La dame rose qui lui rend visite régulièrement et lui communique tout son amour, lui propose d’écrire à Dieu pour qu’il se sente moins seul.

A travers ces lettres cocasses qui décrivent les derniers jours de la vie d’Oscar avec des personnages drôles et émouvants tout à la fois, Eric-Emmanuel Schmitt aborde des questions philosophiques et existentielles telles que la maladie, la souffrance, la foi, le passage de la vie à la mort.

L’attitude et les réflexions de ce petit bonhomme, dans les derniers moments de sa vie, sont une belle leçon de vie face à la mort, un livre magnifique !

J’ai adoré ce récit plein de poésie, de tristesse et d’amour, il m’a beaucoup émue…

Merci encore à mon fils de me l’avoir offert, très bon choix !

N. Gaiman – Neverwhere

Neil Gaiman - Neverwhere
Neil Gaiman – Neverwhere

J’ai découvert ce livre un peu par hasard, plutôt intrigué par son titre flou qui laisse à penser qu’il y aurait un « ailleurs » inaccessible aux béotiens que nous sommes.

J’ai toutefois entamé difficilement la lecture du livre, ne sachant pas vraiment comment le prendre : polar vaguement bizarre, ou livre fantastique réchauffé… Et puis, passé le cap des 60 premières pages, l’intrigue de Neverwhere a pris en épaisseur pour me me piéger dans un univers singulier né de l’imagination d’un auteur extravagant (dans le bon sens du terme) dont la filiation spirituelle avec Tim Burton saute aux yeux.

Sans spoiler, je dirais simplement que l’histoire introduit un certain Richard Mayhew, employé lambda dans un bureau londonien. Sa vie va basculer dangereusement lorsqu’il porte secours à une jeune fille blessée dans la rue : tandis que ses pairs semblent ne plus le reconnaître, les portes d’une Londres inédite s’ouvrent à lui. Une Londres souterraine, sombre et peuplée de Barons et autres Comtes. Le point de départ d’une quête initiatique…

Jeune homme. Comprenez bien une chose : il existe deux Londres. Il y a la Londres d’En Haut – c’est là que vous viviez – et puis il y a la Londres d’En Bas, l’En Dessous – qu’habitent ceux qui sont tombés dans les failles de ce monde

Si avez apprécié Alice au pays des merveilles, nul doute que vous serez touché par l’univers décalé de Neverwhere, ovni littéraire où un ange responsable de la disparition de l’Atlantide côtoie un Marquis en proie à deux tueurs en série sanguinaires.

Le bilan : ce bouquin m’a fasciné, passionné, et amusé (aucune mention n’est à cocher 😉 Cela fait du bien de voir q’un auteur contemporain sorte des sentiers battus et couche sur papier un univers sombre et profondément alambiqué. Un must-have !

Ma note (/5) :

Roald Dahl – Gelée Royale

Roald Dahl - Gelée RoyaleGelée royale est un recueil de 2 courtes nouvelles que j’ai eu beaucoup de plaisir à redécouvrir récemment.

William et Mary aborde la question de la « vie » après la mort, sous un angle pour le moins surprenant et drôle. Quant à Gelée Royale, l’histoire met la lumière sur cette fameuse substance secrétée naturellement par les abeilles ouvrières au profit de leur reine. Qu’adviendrait-il aux bébés humains si leurs parents se prenaient à la leur administrer ?

Avec cet ouvrage, Roald Dahl, digne successeur de Lewis Carroll, confirme de nouveau son talent d’écrivains. L’humour « so british » distillé au fil des pages rend  à mon goût bien trop rapide la lecture de ce bouquin de quelques 120 pages .

Reste un livre marrant et original que je conseillerais aux lecteurs de 7 à 77 ans !